Une Ode au mouvement de la Renaissance Africaine
Heidi et l’Histoire de OODI ZERO: LE MAROC, VILLAGE DE OULED CHERKI -El Kelaa des Sraghna, 2005
Heidi et l’Histoire de OODI ZERO: LE MAROC, VILLAGE DE OULED CHERKI -El Kelaa des Sraghna, 2005

Heidi et l’Histoire de OODI ZERO: LE MAROC, VILLAGE DE OULED CHERKI -El Kelaa des Sraghna, 2005

Lors d’un voyage au Maroc avec beaucoup d’imprévus, j’ai séjourné dans une famille à Casablanca le temps d’un mariage. Là, j’ai fait la connaissance de Fatimshra, une femme qui avait un rêve. Elle souhaitait partager son savoir de couturière avec les jeunes filles de son village natal, près de Marrakech. Elle rêvait de leur donner une formation afin qu’elles puissent travailler et être un peu plus autonomes. Elle est veuve et y possède une vaste maison, et elle, donc libre de son temps. La maison n’a pas l’électricité, et l’eau arrive par un petit canal aérien d’irrigation.

Ce projet m’a touché, et je lui ai promis de l’aider depuis la Suisse. Nous avons une émission de radio sur la TSR1, « Chacun pour tous », que j’ai contactée dès mon retour avec la liste de choses dont Fatimshra avait besoin: Des machines à coudre à pédale, un métier à tisser, une génératrice, un frigo, des outils, des lits d’enfant, un ordinateur, du matériel de couture. L’idée était de faire aussi une crèche, afin que les femmes soient libres d’étudier ou de travailler quelques heures.

Pour amener tout le matériel au Maroc, il fallait une ou deux camionnettes, et quelques personnes motivées pour partager les frais. La liste est passée 3 fois sur les ondes de la radio, et mon téléphone a chauffé: en une semaine nous avions tout trouvé, y compris les 5 personnes qui allaient m’accompagner! Un couple qui gérait une maison pour personnes âgées et qui possédait un petit bus, une femme musicienne et sa fille adolescente, avec leur camper, un juriste et moi, artiste.

Nous nous sommes réunis chez moi pour nous rencontrer et pour décider la date de départ. A partir de là, tout a été très vite. Chacun de nous a été chercher quelques objets dans toute la Suisse romande. IIs ont été entreposés dans mon grenier. Nous avons réservé des billets de bateau pour toute l’équipe de Sète à Tanger pour début juillet.

Au dernier moment, je me suis dit que tout ce matériel avait peut-être besoin de documents pour la douane….! J’ai pu obtenir un document de la mairie de Genève qui attestait que tout était destiné à un projet humanitaire et non à la revente.

A deux jours du départ, voilà que Fatimshra me téléphone toute paniquée: « Il ne faut pas venir! Mon oncle me l’interdit! Il ne veut pas que je travaille.»
Que faire…. Nous six, nous avons décidé de partit coûte que coûte. J’ai demandé à Fatimshra de chercher qqn d’autre dans son entourage, quelqu’un qui pourrait utiliser ce matériel.

Quand j’étais en train de passer la douane à Tanger, nous avons reçu une bonne nouvelle: Elle avait trouvé un homme, l’Houssaine Ofliyène, qui connaissait un village qui avait érigé une maison pour les femmes, et cette maison était encore vide. Le village s’appelle Ouled Cherki, dans la région d’El Kelâa de Sraghna, à 80 km à l’est de Marrakech.

Nous avons dormi chez des amis à Marrakech, puis chez Fatimshra, et finalement nous sommes arrivés à Ouled Cherki. Effectivement, une maison rose de deux étages, vide, nous attendait. On avait fait venir un artiste pour peindre une grande enseigne « Maison de la femme citoyenne » au dessus de la porte.

Après avoir tout déchargé, nous avons été emmenés vers une fête de 900 personnes, érigée en notre honneur! Il y avait les discours des officiels, des cavaliers avec leurs chevaux, des médecins qui donnaient des consultations gratuites, des gymnastes qui faisaient des démonstrations et même la TV marocaine est venue nous filmer.

Pour des raisons de langue, nous n’avons pas pu garder de lien avec quelqu’un sur place. Aussi, en 2005, tout le monde n’avait pas encore son portable. Nous sommes repartis avec quelques adresses en arabe dans nos poches, et je n’ai pas donné suite. Peu de temps après, mon mail a été piraté et j’ai perdu toutes mes adresses marocaines.